Sujet: Re: La part sombre du commerce [libre] Mar 25 Juil - 16:50 La grande lionne aux yeux de la couleur des eaux du Sud marchait sur le quai, ses oreilles légèrement pointées vers l'arrière, alors qu'elle humait l'air. Il y avait ce matin des vaisseaux inconnus près du sien, qu'elle couvait du regard comme une mère regarde son enfant. Il fallait avouer que à part son poussin qui perdait de plus en plus son apparence mignonne pour prendre des airs moins sympathiques de coq de combat, elle n'avait pas beaucoup d'affection pour les autres, et que son plus grand coup de cœur dans sa vie avait été son bateau, le White Pearl. Elle s'était tellement battue pour en devenir Capitaine qu'il semblait normal qu'elle soit toujours dessus. Mais il fallait qu'elle agrandisse son équipage, et pour cela, il fallait poser les pattes sur terre.
De nombreux êtres rechignaient à poser leurs pattes sur un navire, mais pour Asturias, le White Pearl n'était autre qu'un maison, que sa maison, l'endroit où elle se sentait en sécurité. Un endroit duquel elle pouvait attaquer, duquel elle pouvait se défendre. C'était son sanctuaire et sa vie, alors si un inconnu posait sa patte dessus … Il devait avoir une fichue envie de se détacher de manière permanente de ladite patte. Asturias n'avait pas beaucoup de pitié quand on s'en prenait, ou qu'on mettait en danger ce qu'elle aimait.
Un autre trait de caractère de la lionne, était qu'elle aimait protéger ceux qui n'y arrivaient pas tous seuls. Cela avait expliqué son désir d'adopter un petit poussin tout choupinet, qui n'avait aucune autre utilité objective dans la vie que se nourrir. Ce qu'elle supportait pas, c'était ceux qui maltraitaient les autres, pour la simple raison qu'elle savait ce que ça pouvait faire, d'être petit, seul, abandonné, incapable de s'en sortir sans aide.
Alors la lionne musclée grogna sourdement en voyant les hybrides s'en prendre à un autre hybride plus menu. Mais pour qui se prenaient-ils? Elle les observa de sous son tricorne, révélateur de sa position sociale, et fit un pas vers eux, mais ils partirent sans même la remarquer.
Elle souffla, et grogna tout bas quelque chose de pas très poli sur le sujet de leurs faces.
Ce fut alors qu'elle se tourna vers l'hybride qui avait été envoyé dans les sacs à filets des pêcheurs de la région.
Ne vous y méprenez pas, Asturias n'as pas plus d'affection que ça pour les hybrides, mais elle n'était pas non plus faite de pierre.
Elle s'approcha donc, le bruit des plaques de métal recouvertes de cuir qui protégeaient son dos et ses épaules la précédant.
Un gros ocelot, qui de toute évidence était un pêcheur, s'était déjà imposé pour hurler sur le fait qu'on faisait des nœuds dans ses précieux filets qui lui avaient été laissés par son père, et son grand père avant lui, qui les avait gagnés au mahjong.
La lionne n'avait pas l'habitude de s'imposer, et préférait regarder de loin, et laisser le cours des choses se révéler toutes seules, mais l’injustice de la situation l'avait frappée, alors elle vint se poster auprès de l'hybride et éclaircit sa gorge, ce qui provoqua la curiosité de l'ocelot, qui déglutit en voyant qui se trouvait à côté de ses précieux filets. Elle devait avouer apprécier l'effet que le chapeau lui conférait.
Elle tendit une patte, et lâcha quelques pièces dans la patte que l'ocelot avait tendu, la gueule toujours légèrement ouverte.
« Cet hybride et avec moi, je crois que cela couvre le coût de réparation. » dit-elle calmement, d'une voix froide, et regardant le félin par dessous le bord du tricorne.
Elle fit un signe du museau à l'hybride, espérant qu'il avait réussi à se dépêtrer des filets durant son échange avec le pêcheur, et s'éloigna un peu.
« Ça va ? Je suis désolée d'avoir donné l'impression que tu étais mon esclave, je ne voyais pas comment il te laisseraient tranquille autrement ... » dit-elle.
Elle était devenue sensible à ce genre de détail grâce à Aen'Kal, son propre esclave, qui était devenu un compagnon de voyage pour elle, et qui avait la fierté d'un roi par rapport à son ancien statut de libre. Elle espérait ne pas avoir vexé cet hybride là de la même façon qu'elle vexait parfois le loup-aigle.
« Je me nomme Asturias, et vous ? » demanda-elle encore, pointant ses oreilles vers lui alors qu'il s'éloignait du pêcheur, qui mordillait les trois pièces de bronze en vérification de leur authenticité.