Le pirate sortit une épée d'un tonneau, et quelques cris encourageants et joyeux se firent entendre. Il m'envoya une épée que je saisis avec la bouche, déstabilisée. Je savais tenir une pioche depuis l'aide que j'avais apporté lors du séisme afin de déblayer la roche, mais l'arme était beaucoup plus légère et glissante. Je n'eus pas le temps de me mettre en garde que le mâle s'élança et percuta mon arme, enchaînant les attaques.

Je peinais à me défendre, attaquant de ci et de là, mais je n'avais clairement pas le niveau. mon corps entier me faisait souffrir et mon pelage était plus rouge que blanc. Je tentais d'assener un troisième coup de pattes au matou mais je tombais, percutée par un boulet de canon à fourrure, et me retrouvais au sol, une lame sous la gorge. La minute devais à peine être écoulée, je bouillais intérieurement, frustrée et énervée contre moi même. Le chat me nargua et m'adressa un sourire dont je ne comprenais pas le sens, puis il prononça des mots que je n'aurais jamais cru entendre un jour :

- Mais en y repensant, je pourrais te trouver une utilité... Si on te prend en otage, on aura un moyen d'être tranquille avec ton ordre...
Mais vous êtes des prêtres, pas des combattant... Donc, tu peux y aller, je ne ferais que perdre mon temps avec toi! Aller, file! Avant que je change d'avis et que je te tue sur place!

Il...Me graciait ? Je ne pris pas la peine de trainer sur place, me levais, encore sonnée par le combat et la surprise, et m'avançait vers les animaux formant le cercle. Je reprenais mes esprit et marchais d'un air aussi digne que ma patte boiteuse et mes blessures me le permettaient. Je fusillais du regard les pirates riants qui refusaient de me laisser passer, et mon expression autoritaire eut l'air de faire son effet car ils se turent et s'écartèrent, respectant sans doute plus l'ordre de leur chef que moi. Pendant ce temps, des questions fusaient dans ma tête :

Pourquoi m'avoir laissé la vie sauve ? Une Prêtresse, c'était un otage de choix tout de même ! Un acte gratuit alors ? Mais il sait que je préviendrais tout le monde et que des soldats partiront à sa recherche bientôt...

Je ramassais mon sac, montais la falaise, tête haute, et jetais, avant de partir, un coup d’œil vers l'équipage et le capitaine, en bas. Abordant une expression soldanelle, je fixais le capitaine droit dans les yeux et lançais d'un ton détaché mais plein de sous entendus évidents :

- Je constate que l'Honneur est peut être une notion compréhensible pour tous, après tout. Même pour des pirates...

Je laissais flotter une pause, pesant mes mots.

- Capitaine Edward, à mon tour de vous faire une proposition : en passant dans la forêt des perdus, par l'entrée nord, vous trouverez une clairière, ce soir. Elle sera remplie de vivres et de tonneaux du meilleur alcool que vous n'aurez jamais goûté de toute votre vie. Des fruits gorgés de jus, des conserves de qualité en quantité, et des ustensiles comme des couvertures ou des voiles fabriquées par les meilleurs teneurs de tout Unelma... Il faudra bien un équipage entier pour tout transporter avant l'aube et revenir à la Baie, et partir avant que les soldats, prévenus une heure avant, n'arrivent...

Cela vous laisse le choix : chercher ces modestes cadeaux et partir sans ne serait ce qu'effrayer un innocent, ou piller un village mais sachez une choses : je placerai des messagers chargés de prévenir les gardes à la moindre ombre de pirate vue dans chaque ville, chaque champ, chaque route des alentours, et vous devrez vous attendre à de lourdes pertes. Et puis, à part la "joie" de vous battre, vous ne gagnerez rien de plus que ce que je peux vous offrir. Je vous certifie que vous ne rencontrerez personne sur la route de la forêt. Je vous laisse méditer là dessus, Pirates.

Je tournais les sabots sans regarder la réactions des matelots, et courrais vers la ville la plus proche afin de poster mes messagers.